Rousseau : une voix toujours émancipatrice

C’est dans une relative discrétion que le trois centième anniversaire de la naissance de Jean- Jacques Rousseau (1712-1778) a été célébré. Philosophe démocrate, partisan d’une pédagogie novatrice et inspirateur des grands combats révolutionnaires de 1789 et 1793, le citoyen de Genève sentirait-il encore le soufre en ce début de XXIème siècle ? Sa défense de l’égalité, son refus des injustices, sa constante dénonciation des privilèges et des coteries intellectuelles de son époque le placent comme un esprit majeur de son époque, en même temps qu’il reste un penseur pour nos combats actuels.

Une jeunesse mouvementée

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 dans une famille d’horlogers genevois. Durant toute sa vie il gardera une grande admiration pour les travailleurs manuels dont il fera même la base sociale de son régime démocratique idéal. Le jeune Jean-Jacques grandit à Genève qui fait alors figure de cité républicaine où le peuple exerce la souveraineté politique. Bien que la réalité soit beaucoup plus nuancée, seule une petite minorité de riches « citoyens » pouvant effectivement voter, ce modèle genevois demeure une source d’inspiration pour les travaux ultérieurs de Rousseau. Le futur philosophe est également élevé dans un certain rigorisme calviniste qui, est alors la religion officielle et obligatoire depuis la conversion de la cité genevoise à la Réforme en 1534.

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Un clip de campagne qui donne le ton !

« Assez parlé d’égalité, faisons des égaux », se plaisait à répéter notre Jaurès à ses contemporains. Près de 100 ans après la mort tragique du tribun socialiste, cette assertion est malheureusement d’une actualité encore brûlante. Ce constat simple est le point de départ du clip de François Hollande, qui vient d’être dévoilé au public aujourd’hui, premier jour de la campagne officielle. L’égalité est perpétuellement en projet, toujours à accomplir. Elle est comme inachevée, mais elle hante les discours des hommes politiques depuis que la lutte des classes a progressivement imposé la démocratie et rendu impossible tout retour à une société fondée substantiellement sur l’inégalité. Sarko, lui, préfère le mot « équité » à la valeur que la Révolution a placé au cœur de notre belle devise républicaine. Il est vrai que, par « équité » -notion subjective postulant que droits, devoirs, mérite et richesses sont proportionnels dans la cité-, on peut sans peine approfondir les inégalités sociales nées de l’exploitation du travail salarié. Rappelez-vous, en 2009, quand la droit a décidé avec son cynisme coutumier de taxer les indemnités des accidentés du travail ! Ce fut là une de leurs pires vilénies sociales. Et pourtant, cette attaque frontale contre l’ensemble du salariat est passée comme une lettre à la poste, puisque Sarko, Bertrand, Fillon, Coppé et consorts pouvaient tous affirmer en chœur que, vraiment, ça ne les amusait pas d’agir de la sorte et que cette mesure leur était dictée par leur constant « souci d’équité »…

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Tout ça n’empêche pas, Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte !

141 ans après l’explosion de l’insurrection parisienne sur les pentes de Montmartre, la Commune reste bien vivante. Elle constitue un pas décisif de l’humanité vers sa propre émancipation. Dans une période où l’union sacrée des actionnaires et des banquiers du monde entier détruisent les bribes de démocratie et de souveraineté populaire que nos ancêtres avaient conquises, comment ne pas faire le parallèle avec la situation de la capitale martyre qu’était Paris au début de l’année 1871 ? Car, à l’instar des peuples agressés conjointement par les plans d’austérité de leur gouvernement et par les spéculateurs internationaux, Paris était littéralement prise entre deux feux dans ces mois tragiques suivant la chute de l’aigle impériale à Sedan.

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Bourdieu : Un guide pour nos luttes quotidiennes

10 ans bourdieu Janvier 2002 – janvier 2012 : voilà dix ans que disparaissait Pierre Bourdieu, sociologue le plus important de ces dernières décennies, penseur majeur de la domination et de la reproduction sociale, infatigable combattant pour un autre monde. Il est étonnant de constater depuis quelques jours l’unanimisme de façade d’une certaine presse sociale-libérale et de ses relais politiques et universitaires, célébrant aujourd’hui Bourdieu après avoir impitoyablement combattu ses idées. On constate une tendance à séparer en deux l’œuvre et la vie de Bourdieu : d’un côté le chercheur respectable et distingué et de l’autre l’affreux idéologue du mouvement social de l’hiver 1995. Pour nous, il est impossible et même malhonnête de séparer ainsi l’intellectuel du militant, le sociologue du pourfendeur des élites médiatiques et politiques.

Les Héritiers, La reproduction sociale

Né en 193O dans une famille paysanne du Béarn, issu d’un milieu populaire qu’il ne reniera jamais, l’existence de Bourdieu est entièrement tournée vers la recherche des causes sociales et culturelles de la domination des puissants. Jeune agrégé de philosophie, il effectue son service militaire en Algérie où il se découvre une vocation de sociologue. Il observe finement les racines du colonialisme et la destruction par celui-ci des formes de solidarité et de sociabilité traditionnelle. De retour en France, il enseigne à l’école pratique des hautes études en sciences sociales. Un temps sous la protection de Raymond Aron, il rompt avec celui-ci au moment de la grève générale de mai 1968. Il commence, dès cette époque, avec son collègue Jean-Claude Passeron, son travail sur l’école comme lieu privilégié de la reproduction des inégalités sociales. Débutés  en 1964 avec Les héritiers, leurs travaux sont approfondis dans un nouvel ouvrage intitulé La reproduction. Paru en 1970, ce livre fait toujours autorité. La démonstration des deux sociologues bouscule bien des certitudes sur l’école républicaine, en montrant qu’elle est aussi un instrument de reproduction sociale qui a tendance à conforter le système en place. Les enfants issus des milieux populaires réussissent moins bien que ceux qui viennent de la bourgeoisie et qui possèdent déjà un important capital culturel. Cette notion de capital culturel devient un invariant de la pensée bourdieusienne. Le sociologue démontrera inlassablement, qu’au-delà du capital financier, le capital culturel participe autant voire davantage à l’organisation de la société en classes sociales antagonistes. En plaçant au cœur du système une forme de violence sociale symbolique, les puissants perpétuent et légitiment ainsi leur domination.

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Largo Caballero : une figure du socialisme espagnol à l’épreuve de l’histoire

Par Julien Guérin (77)

Aujourd’hui largement méconnue dans notre pays, la figure de Largo Caballero, décédé il y a soixante-cinq ans à Paris, mérite de sortir de l’ombre pour trouver sa place dans la galerie des grands dirigeants du mouvement ouvrier du XXème siècle. Syndicaliste, leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), orateur fougueux, homme à l’honnêteté extrême, président du gouvernement républicain durant la guerre civile, exilé puis déporté durant la seconde guerre mondiale, le parcours et la vie militante de Caballero furent intenses et sans répit. Au cours de ces terribles années 1930, la violence des affrontements idéologiques et politiques, liés à la montée de l’extrême-droite et à la terrible crise économique débutée en 1929, a façonné des parcours hors du commun. Surnommé le « Lénine espagnol » lors des chaudes journées de l’été 1936 où les masses ouvrières et paysannes d’Espagne parvinrent à bloquer provisoirement l’offensive fasciste du franquisme, l’itinéraire du militant Caballero ne fut pourtant pas rectiligne. Longtemps assimilé à l’aile la plus modérée du socialisme espagnol, c’est sous la pression des luttes sociales que Caballero adopte une ligne révolutionnaire et internationaliste de plus en plus intransigeante. Incarnation de la résistance des travailleurs au fascisme, le socialiste modéré se mue alors en orateur et propagandiste d’un anticapitalisme de masse. Envolées lyriques et révolutionnaires sans cohérence ou authentique évolution de fond ? Sans doute un peu des deux… Vaincu par la peste fasciste et écœuré par l’hydre stalinienne, c’est un homme fatigué et découragé qui meurt en 1946. Faire toute la lumière sur son parcours, ses combats et son évolution marquée vers la gauche mais aussi analyser lucidement ses limites à l’aune de cette révolution espagnole qui, victorieuse, aurait pu changer la face du monde et du XXème siècle, est ici notre modeste dessein.

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De la division de la gauche au Programme commun (1965-1972)

Vive le Programme Commun !

Depuis la scission de Tours, en 1920, la seule tentative de rapprochement concret entre socialistes et communistes en France a découlé de la tactique du « Front unique ouvrier », élaborée au sein de la Komintern en 1921. La rapide dégénérescence stalinienne de la IIIe Internationale eu pour conséquence la mise en place, dès le milieu des années 1920, de la tactique du « Front unique à la base », qui empêchait en pratique toute lutte commune avec les socialistes et éloignait de ce fait toute perspective unitaire. Les errements ultra-gauche de la « troisième période » et la théorie délirante du « social-fascisme », promue par Staline en personne, ne firent que confirmer cette division du mouvement ouvrier international. Après le mirage du Front populaire, où l’unité de la gauche s’était diluée dans une alliance avec des formations bourgeoises au nom de l’unité nationale, la rupture se fit encore plus nette, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, en raison de l’apparition des « Blocs ». Face à un PCF de nouveau contraint par Moscou au sectarisme le plus extrême, la SFIO fit le choix de l’Ouest dès 1947, ce qui lui imposait des alliances de « Troisième Force » avec des partis de droite et semblait justifier les oukases communistes.

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140 ans et toutes ses dents : vive la Commune !

Par Jean-Fançois Claudon (75)

Le 18 mars 1871, en refusant son propre désarmement sur les pentes de Montmartre et en empêchant du même coup Thiers et consorts de s’asseoir dans le trône laissé vacant par la défaite de Napoléon III à Sedan, le peuple parisien s’est lancé dans une aventure enthousiasmante. Sans le savoir, en construisant une république généreuse, démocratique et sociale qui prenait le contre-pied du bonapartisme, il édifiait à tâtons un Etat d’un type nouveau qui, pour la première fois de l’Histoire, n’était pas dirigé pour et par des possédants alors en fuite, mais pour et par les travailleurs. L’Etat moderne, création de la monarchie adaptée ensuite par la bourgeoisie à ses propres intérêts historiques, laissait place à la première ébauche d’Etat ouvrier.

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En mémoire de Rosa et de Karl Liebknecht

Par Jean-François Claudon (75)

Le 15 janvier 1919, il y a 92 ans, disparaissaient, lâchement assassinés par la contre-révolution triomphante, les deux dirigeants du tout jeune PC allemand (KPD) : Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Ces deux militants socialistes exemplaires et d’une trempe exceptionnelle ont été de tous les combats des travailleurs allemands depuis l’aube du XXe siècle. Rosa, la théoricienne, a combattu âprement contre la « révision » à laquelle Bernstein proposait de soumettre le marxisme. Cette intellectuelle polonaise d’origine juive, co-fondatrice du Parti social-démocrate de Pologne et de Lituanie, a su se frayer un chemin dans le parti socialiste allemand (SPD) et dans l’Internationale et, non contente d’apparaître comme un soutien gauche au « pape » du marxisme Karl Kautsky dans la lutte contre l’opportunisme, elle devient enseignante à l’école du SPD et affine ses conceptions économiques sur le capitalisme, ce qui renforce la pertinence de ses attaques contre les illusions réformistes répandues par les révisionnistes et qui s’instillent progressivement dans les rangs du SPD et au sein de l’ l’Internationale. Karl Liebknecht, né comme Rosa en 1871 -l’année de la Commune de Paris- et fils de Wilhelm -l’un des fondateurs du SPD-, fait quant à lui beaucoup plus figure d’activiste, bien qu’il s’agisse également d’un brillant intellectuel. Il est le porte-parole de la jeunesse révoltée allemande et a dirigé une véritable campagne antimilitariste de masse lors de la montée révolutionnaire de 1905. Il est élu député SPD en 1912.

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En Equateur, l’histoire bégaye

Par Jean-François Claudon (75)

A ceux qui doutent que la lutte des classes soit internationale par nature, il n’est pas besoin de répondre par de longs exposés théoriques. Pas besoin non plus de revenir à la situation de la Grèce, garrotée par les traders et les spéculateurs de tous les pays. Pour les sceptiques qui voient la démocratie pure et éthérée là où il y a avant tout rapport de force social et affrontement, la meilleure école reste l’Amérique latine. Nous l’écrivions il y a quelques mois : « l’Amérique latine est à un tournant et l’échec du « Front de résistance au coup d’État » au Honduras aura une signification politique décisive pour tout le sous-continent ». Le rapport de force social, favorable à notre camp depuis la fin des années 1990, semble de nouveau pencher du côté de l’impérialisme. Bien sûr, pas de façon décisive, car la structure sociale objective de la plupart des États de l’Amérique latine, ainsi que la sympathie réelle de millions de travailleurs du sous-continent pour les réalisations d’un Chavez ou d’un Morales, exprimant une volonté farouche de ne pas revenir en arrière, à l’époque des dictatures militaro-libérales, ne peuvent pas assurer à la réaction une victoire aussi facile. Mais la lutte pour l’émancipation n’est jamais un combat hors-sol. Et force est de constater que les événements récents qui se sont déroulés en Équateur prouvent que la contre-révolution, avançant de plus en plus ouvertement main dans la main avec l’impérialisme nord-américain, a su relever la tête…

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Le Parti travailliste va-t-il enfin tourner la page blairiste ?

Par Julien Guérin (77)

Après leur défaite aux élections législatives du printemps dernier et le retour au pouvoir d’un parti conservateur re- -looké par le jeune David Cameron mais n’ayant absolument rien renié du thatchérisme, le parti travailliste vient d’élire un nouveau leader. En Grande-Bretagne, cette élection est décisive car le nouveau leader du parti devient de fait le chef de l’opposition et le candidat naturel au poste de premier ministre. Les militants travaillistes, dans l’opposition pour la première fois depuis treize ans, viennent de trancher le duel fratricide entre les Milband, c’est le frère cadet Ed qui a été désigné d’une courte tête. La démission de Gordon Brown avait laissé le poste vacant en juin dernier et avait marqué le début d’une intense campagne interne. La victoire d’Ed Milband est une surprise tant David, ancien ministre et apparaissant comme un homme plus expérimenté, est longtemps apparu comme le favori. Les médias présentent l’arrivée d’Ed, quarante-et-un ans, comme un virage à gauche du parti travailliste. C’est en cela que nous devons garder un œil attentif sur ses premières déclarations et examiner avec soin la ligne qu’il développe.

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Unité n°34 vient de sortir

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Au sommaire de ce numéro:

Edito de Julien Guérin: Tout est possible!

P. 2: C’est pas bientôt fini l’ump story?, par Jean-François CLAUDON

 P.3: Après le 7 septembre continuons le combat!, par Florent HASPEL

p. 4 et 5:  3 Questions à Gérard FILOCHE

 P.6 Le fond de réserves des retraites: une fausse bonne idée?, par Johann CESA

 P.7: Les « petits malaises » de mosco and co, par Xavier BOURDON

 p. 8: Nos droits : on s’est battu pour les gagner, on se battra pour les garder

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Jeunes, mobilisons-nous pour nos retraites !

Par Tuncay Cilgi (64)

La rentrée politique s’annonce très sociale et très mouvementée. La manifestation du 7 septembre contre la contre-réforme des retraites de la droite a rassemblé entre 2, 5 et 3 millions de personnes. Un nombre qui va croissant comparé à la manif’ du 24 juin qui avait mis 2 millions de personnes dans les rues de France et de Navarre.

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Actualité de la Commune, 139 ans après la « Semaine sanglante »

« Sauf des mouchards et des gendarmes / On ne voit plus par les chemins / Que des vieillards tristes en larmes / Des veuves et des orphelins / Paris suinte la misère / Les heureux même sont tremblants / La mode est au conseil de guerre / Et les pavés sont tout sanglants ». La première strophe de la chanson de Jean-Baptiste Clément, La Semaine sanglante, évoque bien l’ambiance mortifère qui régnait à Paris, le 28 mai 1871, il y a 139 ans. Le 21, l’armée versaillaise était entrée par surprise à Paris par la porte de Saint-Cloud. La soldatesque de Thiers  progressa rapidement dans les quartiers aisés de l’Ouest parisien et s’emparèrent même, le 23 mai, de Montmartre, la citadelle inexpugnable -pensait-on- de l’insurrection parisienne. Le mercredi 25, c’est une résistance désespérée qui commence dans les quartiers populaires où les communards s’étaient retirés pour défendre les leurs.

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« La Commune n’est pas morte ! »

« L’Offensive socialiste » vous invite vendredi 28 mai à 18 h 30 à un rassemblement convivial au Mur des Fédérés pour célébrer les derniers jours de la Commune de Paris lors desquels nos ancêtres ont résisté héroïquement à la barbarie militariste et autoritaire venue de Versailles.

« Tout ça n’empêche pas, Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte! », disait la chanson. Et elle a raison, car 139 ans après son écrasement, la Commune reste bien vivante. Elle constitue un pas décisif de l’humanité dans le sens de sa propre émancipation. Face à la rapacité des hobereaux prussiens et de leur caste militaire rétrograde, face à couardise d’un gouvernement de « défense nationale » qui organisait la défaite et négociait secrètement avec Bismarck dans son dos, le peuple parisien a su se soulever. Malgré les rigueurs du siège et la famine qui le tiraillait, malgré la misère noire qui l’assaillait, il a su redresser fièrement la tête pour clamer son refus de « l’ordre des choses », c’est-à-dire la perpétuation éternelle des privilèges d’une infime minorité.

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Fin de la parenthèse libérale ou tournant conjoncturel ?

Par Johann CESA (BN MJS, 42)

Depuis la victoire aux élections régionales, les éditorialistes politiques parlent partout du  « Prin- -temps du PS ». Notre Parti serait à la fête, on nous prédit même une victoire aux sénatoriales de 2011 ! Plus étonnant encore, on entend même, ici où là, que la direction du Parti Socialiste voudrait fermer la parenthèse libérale ouverte depuis 1983. Guillaume Bachelay, un proche de Laurent Fabius, résume bien le dernier bureau national du Parti : « C’est l’Halloween des sociaux-libéraux, ils sont obligés de mettre un masque pour entrer dans la salle ». Martine Aubry lançait, et bien avant les régionales, des appels à l’Unité de la Gauche, dans ce qu’elle nomme, aujourd’hui la « Gauche Solidaire ». Laurent Fabius, en remet une couche en qualifiant le social-libéralisme de « résignation, […] comme une sorte de pâté des alouettes : on voit bien en quoi il est libéral, pas trop en quoi il est social ». On croirait entendre les arguments de notre sensibilité dans la bouche des dirigeants du Parti Socialiste. On n’ose y croire ! Peut-on toutefois sabrer le champagne ? Pas tout à fait, il est encore trop tôt.

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Il y a 80 ans disparaissait Vladimir Maïakovski : poète ET révolutionnaire

Par Julien GUERIN (42)

En avril 1930 le plus grand poète russe de sa génération Vladimir Maïakovski mettait fin à ses jours à l’âge de 36 ans. 80 ans plus tard sa mémoire reste largement ignorée et son image parfois ambiguë face à la récupération qu’en ont fait les staliniens. Poète de talent, homme épris de liberté, allergique à l’injustice, être ultra sensible il a mis son œuvre au service de ses convictions socialistes sans sombrer toutefois dans le plat réalisme soviétique qui a asséché la culture russe.

La découverte de la poésie…et de la révolution !

Maïakovski est né en 1893 dans une famille modeste sur l’actuel territoire de la Géorgie. Il s’installe à Moscou en 1906 et adhère dés l’âge de 15 ans à la fraction bolchévik du Parti social-démocrate russe ! Au début du XX éme siècle, la Russie est une autocratie rétrograde dirigée par le tsar Nicolas II, l’immense majorité de la population est paysanne. Quelques concentrations industrielles existent dans la ville de Saint Petersburg  qui a su allumer la mèche ayant embrasé tout le pays en 1905. Sous la direction des bolchéviks et du 1er Soviet dirigé par le jeune Trotski, les ouvriers russes manquent de faire la jonction avec les masses paysannes qui revendiquent le partage des terres et l’expropriation des grands domaines. La répression est impitoyable mais quelque chose a été semé… Le jeune Vladimir grandit dans cette ambiance d’agitation sociale et politique et prend très jeune le parti des exploités et des pauvres. Il paye le prix de ses engagements en faisant l’expérience durant 11 mois des geôles tsaristes pour propagande social-démocrate. En 1910, il rentre aux Beaux-arts, il écrit alors ses premiers vers et se lie aux milieux futuristes et avant-gardiste. Ces courants artistiques font voler en éclat les règles académiques de la poésie déjà mise à mal au cours des décennies précédentes. Le jeune Vladimir s’impose rapidement comme le chef de file russe de ce courant novateur mais on sent déjà en lui le personnage tourmenté dans le long texte « Le nuage en Pantalon » en 1914 ou dans « la Flute des Vertèbres » en 1915. Il vient de tomber fou amoureux de la belle Lili Brick, la sœur d’Elsa Triolet (future épouse d’Aragon), déjà mariée mais si libre et tellement en avance sur son temps.  

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30 numéros en 3 ans et ça continue : Unité n° 30 vient de sortir !

Au Sommaire

Dossier Le mouvement social doit reprendre la main
– « Sale temps pour l’éducation » (p. 2)
– « Retour sur le congrès de la FSU » (p. 3)
– « Après Total et Philips : imposons un salaire maximum ! » (p. 4)
– « En Grèce, qui va payer la facture ? » (p. 5)

– Culture : « L’armée du Crime en DVD » (p. 6)

– Régionales : « Sarkozy tente une OPA sur les collectivités territoriales » (p. 7) / « Jeune, vote ! » et « Languedoc : le cas Frèche » (p. 8)

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Unite 30

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Paul Levi, « l’occasion manquée » du socialisme mondial (1883-1930)

Par Jean-François Claudon (75)

Il y a 80 ans mourrait l’un des plus grands militants socialistes du XXe siècle : Paul Levi, l’héritier politique de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht. Épuisé par son combat pour le redressement de la gauche allemande, il s’est suicidé à Berlin le 9 février 1930. C’est la fin d’un parcours politique incroyablement dense qui a vu Levi appartenir successivement  -et dans es deux sens!- aux trois grands partis de gauche allemands en l’espace de 8 ans. Fait significatif, après l’annonce de sa mort, la minute de silence observée en sa mémoire au Reichstag a été altérée par les huées venant du groupe parlementaire nazi, mais aussi par les insultes proférées depuis les bancs des communistes… dont Levi fut le dirigeant de 1919 à 1921, aux heures cruelles et héroïques de la révolution allemande ! Les nazis et les staliniens se retrouvaient dans une haine inexpiable pour ce révolutionnaire profondément unitaire que la mémoire militante a injustement oublié[1].

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Jospin : il comprend vite, mais il faut lui expliquer 8 ans !

2010 commence sur les chapeaux de roue. On n’ose à peine y croire. Il faut dire qu’on attendait ça depuis si longtemps… Le grand perdant de 2002 qui « assumait l’entière res- -ponsabilité » de la défaite de la gauche au soir du 21 avril, mais qui croyait en son for(t) intérieur que ces idiots de Français n’avaient pas compris son action, vient enfin, lui, de comprendre. Non, l’action de la gauche plurielle n’avait pas été si parfaite, enfermée qu’elle était dans des schémas sociaux-libéraux tentant l’impossible : concilier progrès social pour notre camp et maintien des profits faramineux pour les patrons et les actionnaires. Oui, les salariés de ce pays étaient en droit, un an et demi après le grand mouvement social de novembre-décembre 1995, d’attendre bien plus et surtout bien mieux que ce qui a été fait de 1997 à 2002. Bien sûr, Jospin -puisqu’il s’agit bien de lui- ne le dit pas comme ça. Il en reste à une formule hésitante, mais, comparé à la morgue de son analyse antérieure, c’est le jour et la nuit. Dans le livre-événement qu’il sort ces jours-ci, il affirme en effet avoir « surestimé la perception positive de [s]on bilan ». C’est peu, mais pour lui, c’est déjà beaucoup ! Cet inventaire en demie-teinte ne sauvera pas la gauche et ne fera pas de Jospin le porte-drapeau du socialisme du XXIe siècle, mais il prouve qu’il n’est pas imbécile, puisque, lui au-moins, il a changé d’avis !

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Au Chili aussi, la capitulation de la gauche devant le centre renforce la droite !

Par Julien Guérin (42)

Ce dimanche 13 décembre avait lieu le 1er tour de l’élection présidentielle au Chili. Tout ce qui concerne ce pays latino-américain a, pour la gauche française, une résonance très particulière. Pour toute une génération militante, ce pays a été, durant 3 ans, celui de l’espoir de voir enfin se réaliser l’alliance du socialisme et de la liberté. Les noms du président socialiste Salvador Allende, du grand poète Pablo Neruda et du chanteur révolutionnaire et martyr Victor Jara font encore vibrer en nous l’internationalisme et le souvenir de l’insoumission, de la résistance et de la volonté de changer le monde. En septembre 1973, pour beaucoup de militants de gauche en France, il était minuit dans le siècle au Chili après les assassinats d’Allende et Jara, le coup d’Etat sanglant et la féroce dictature installée par le sinistre Pinochet. Beaucoup de socialistes, de communistes et d’opposants chiliens ont alors trouvé refuge dans notre pays. Le régime de Pinochet a non seulement traqué et éliminé des centaines d’opposants, mais a aussi livré le Chili au libéralisme le plus brutal. Privatisations, gel des salaires, répression des mouvements sociaux, le pays est soumis pieds et poings liés aux multinationales et au libre-échange généralisé.

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