Éric Woerth : mensonges et trahison

Retraite à 60 ans, à taux plein !Éric Woerth était l’invité de France Inter ce matin. Réaction de Mathias Tessier, militant socialiste de Loire-Atlantique.

À deux jours des grandes manifestations du 1er mai, et au lendemain de la rencontre entre Martine Aubry et Éric Woerth, le très éphémère ministre en charge de la réforme des retraites (à peine nommé et déjà sur le départ une fois la réforme votée) a montré sur France Inter toute la considération qu’il avait pour le débat public. Pour lui en effet, il ne fait aucun doute que les retraites sont menacées par le « péril vieux », c’est-à-dire par une diminution abyssale du rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités. Ce discours, qui est celui de la droite et du patronat depuis des dizaines d’années, s’avère pourtant en décalage total avec les chiffres annoncés par les experts du Conseil d’Orientation des Retraites, chiffres que l’on a bien pris soin au préalable de dissimuler. En réalité, le nombre d’enfant est beaucoup plus important en France que ce qui était prévu. Selon les experts, il suffit que la natalité actuelle stagne et que le solde migratoire se maintienne au niveau de 2004 pour que le rapport actifs/retraités ne bouge pas jusqu’en 2050. Ce qui nous est présenté comme un problème plus urgent encore que le réchauffement climatique et qui nécessiterait donc des mesures de rigueur sur les ménages n’est au fond pas si problématique que ça.

Plus grave, Éric Woerth balaie d’un coup de mensonge magique toute idée d’augmentation des cotisations pour financer les besoins supplémentaires. « On n’y arrivera pas en augmentant les recettes parce qu’à ce moment là vous plombez totalement la compétitivité du pays. Faut augmenter de 50 % l’impôt sur le revenu. C’est tout simplement pas possible. » Pour un ancien ministre du budget, cette déclaration est la démonstration soit d’un amateurisme absolu soit de mensonges répétés. En effet, en France, le budget de l’État et le budget de la Sécurité Sociale sont soigneusement séparés. L’État reçoit des impôts (impôts sur le revenu, TVA, ISF, etc.). Les recettes de la Sécurité Sociale, elles, sont composées essentiellement des cotisations sociales et patronales. Augmenter l’impôt sur le revenu n’a donc aucune conséquence sur le budget de la sécurité sociale. Par contre, les exonérations de cotisations patronales (plus de 25 milliards chaque année), le chômage de masse et la part toujours plus importante accordée au revenu du capital au détriment des salaires pèsent lourdement sur le montant des cotisations reçues.

Tout cela, Éric Woerth le sait bien. Il sait que si l’on veut réellement sauver nos régimes de retraites, il faut mettre le paquet sur l’emploi et les salaires. Il faut imposer les revenus hors salaires comme les stock-options. Mais Nicolas Sarkozy et son gouvernement, élus pour une bonne part grâce aux voix des ouvriers et des employés, ne connaissent que le mensonge pour trahir les salariés et défendre leurs intérêts, ceux des grands patrons et des actionnaires. La grande casse est programmée, à nous de l’arrêter.